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Philodynamie
5 mai 2023

La NOUVELLE-CALEDONIE 25 ANS APRES L'ACCORD DE NOUMEA : 1) un anniversaire ... et des questions

 

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La Nouvelle-Calédonie a tout pour faire rêver : un archipel tropical et son merveilleux lagon, là-bas, à l’autre bout du monde, dans le Pacifique Sud. Un archipel français dans une immensité océanique dominée par les anglo-saxons d’Australie et de Nouvelle-Zélande.  Mais c’est loin, très loin de la métropole. De Paris à Nouméa, de l’aéroport Charles-de-Gaulle à celui de La Tontouta, le voyage en avion, qui impose une escale, généralement à Tokyo, Osaka, ou Séoul, dure au moins 24 heures. Si loin que l’on ne s’y intéresse qu’épisodiquement. On a tort, je crois.

Pour y porter notre attention, il faut, dans le flux d’actualités qui nous submerge quotidiennement, quelque chose de fort. Une date anniversaire, celle des 25 ans de la signature de l’Accord de Nouméa le 5 mai 1998, offre une occasion… que je saisis.

L’Accord de Nouméa a 25 ans aujourd’hui. De quoi s’agit-il ?

Il s’inscrit dans l’histoire de la colonisation d’un archipel où vivait une population mélanésienne – les Kanak, sans s au pluriel, ce n’est pas une faute d’orthographe ! - avant que James Cook ne la ‘découvre’ et que le contre-amiral Febvrier-Despointes n’en prenne possession au nom de la France en 1853. Puis de l’histoire heurtée de la décolonisation à partir de la deuxième moitié du XXème siècle. Une histoire inachevée. Sait-on suffisamment – on y reviendra – que la Nouvelle-Calédonie figure sur la liste des territoires encore en attente de décolonisation établie par l’ONU ?

Dans les années 1980, alors que les voisins colonisés les plus proches de la Nouvelle-Calédonie – Les Iles Salomon, Le Vanuatu, les Fidji – avaient accédé à l’indépendance, les populations divisées de Nouvelle-Calédonie se sont déchirées, indépendantistes versus anti- indépendantistes, avec une violence confinant à la guerre civile qui a culminé dans la grotte d’Ouvéa où 19 kanak et 2 gendarmes ont été tués. Cette tragédie a eu au moins le mérite de faire prendre conscience aux forces politiques calédoniennes qu’il fallait trouver une issue politique, au moins provisoire. Sous l’égide du gouvernement de Michel Rocard, elles ont choisi la voie de l’apaisement en signant, en 1988, les accords de Matignon-Oudinot. Puis, le 5 mai 1998, avec le concours du gouvernement de Lionel Jospin, les indépendantistes et les non indépendantistes ont signé l’Accord de Nouméa. Ce dernier, qui définit un statut constitutionnel original et unique dans l’outre-mer français, engageait, selon ses propres termes, la Nouvelle-Calédonie sur la voie de la recherche « d’une solution négociée, de nature consensuelle », sur laquelle tous les calédoniens seraient appelés à se prononcer à l’issue d’une période de 20 années.

Or le terme de 20 années est largement dépassé ; l’échéance n’a pas été tenue. Si les calédoniens se sont prononcés contre l’indépendance par trois référendums successifs, ils l’ont fait sans qu’une solution négociée, de nature consensuelle, n’ait été préalablement recherchée. Le vote a été chaque fois, pour l’essentiel, un vote ethnique qui a fait ressortir la division de la population et provoqué une crispation politique dangereuse.

Alors, 25 ans après sa conclusion, l’Accord de Nouméa est-il dépassé ? Où en est le processus de décolonisation de l’archipel dans une région Indo-Pacifique traversée de tensions croissantes ? Qu’en est-il de l’ambition d’une émancipation de la Nouvelle-Calédonie traduisant une communauté de destin du peuple complexe calédonien que cet acte portait explicitement ?  Où va la Nouvelle-Calédonie ?

Un anniversaire … et beaucoup de questions qu’il vaut la peine de poser et auxquelles je convie à réfléchir dans les quelques billets à suivre.  

 

Lazare Z (A suivre)

 

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  • Un blog qui aborde divers sujets – en vrac : sciences, philosophie, politique, art, société, histoire, etc. - pour s’orienter dans notre monde pressé et compliqué, avec l’intention de conduire la réflexion dans une pratique d’enquête au sens pragmatique, d’appréhender la philosophie comme une activité (d’où l’appellation « Philodynamie »), sans prétention ni esprit de système.
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