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Philodynamie
29 avril 2023

QU'EST-CE QUI FAIT ART ? 8) L'Art selon chatGPT

hopper4

Est-il besoin de rappeler, tant il a fait le buzz, que chatGPT est un outil conversationnel, basé sur le langage naturel, qui utilise l’Intelligence Artificielle (ci-après IA) ? Depuis quelques mois, il est disponible gratuitement en français pourvu que l’on ait un smartphone, une tablette ou un ordinateur. Son succès est immense, notamment chez nos collégiens, lycéens et étudiants, au point de conduire les autorités pédagogiques à repenser les modes de contrôle des apprentissages et connaissances.

 

Il serait un peu ringard, voire prétentieux, de ne pas lui demander quel est son point de vue sur l’art. Donc acte. Voici sa réponse : « En tant qu'Intelligence Artificielle, je n'ai pas de subjectivité pour établir une définition personnelle de l'art. Cependant, on peut dire que l'art est une forme d'expression créative qui reflète les idées, les émotions et les perceptions d'une personne ou d'un groupe de personnes avec l'intention de stimuler les sens et l'imagination du spectateur ou de l'auditeur. L'art englobe un large éventail de médias, y compris la peinture, la sculpture, la littérature, la musique, la danse, le cinéma, la photographie et bien d'autres encore. De plus, l'art peut être considéré comme une forme d'expression culturelle à travers laquelle les individus ou les communautés peuvent transmettre des idées, des histoires et des valeurs à travers le temps et les frontières ».

 

Que voilà une prudente réponse ! Ou l’art de répondre – un peu - en évitant de se mouiller. L’IA serait-elle fine politique ?

 

On peut toutefois relever dans cette casuistique plusieurs choses non dépourvues d’intérêt.

 

Tout d’abord, dans la première phrase, chatGPT se défausse de curieuse manière. Il paraît poser une sorte de primauté d’une « définition personnelle de l'art ». L’idée d’une conception générale, voire universelle, de l’art est ignorée. Est-ce seulement pour avouer son incapacité de donner une définition personnelle ou pour dire, en creux, que l’on en peut que partir d’une définition personnelle ?

 

Dans la première hypothèse, ce serait pour l’IA, avouer son impuissance. L’IA étant dépourvue de subjectivité, elle ne peut que caler devant la question posée. Autrement dit, chatGPT a bien intégré qu’elle n’est qu’un algorithme et non un organisme vivant, sensible, doté d’une personnalité.

 

Dans la seconde hypothèse, l’art serait affaire, principalement, de subjectivité, donc de conscience de soi, de sensibilité, de vécu personnel. Si l’art ne peut être défini (conçu, appréhendé) que par un sujet, cela paraît bien exclure, ou à tout le moins dégrader, toute idée d’art, disons au sens platonicien, qui serait objectif, universel et qui s’imposerait au-delà d’appréciations personnelles. Pas d’art qui ne soit issu d’un organisme vivant et conscient de soi et signifiant pour de tels organismes.

 

Il faut prendre garde, à ce stade, à tirer d’hâtives conclusions. A conserver en mémoire toutefois.

 

A défaut de définition personnelle, chatGPT se rabat dans la deuxième phrase sur une opinion subsidiaire. De cette opinion si peu assurée qu’elle est introduite par « on peut dire » émerge la notion d’expression créative chez l’artiste. De quoi s’agit-il ? Frustration ! L’IA n’en dit pas grand-chose. D’où et comment surgit-elle, qu’est-ce qui la caractérise. L’IA ne fait même pas de rapprochements avec des notions telles que l’originalité ou l’énergie.  On peut dire de l’art, selon chatGPT, qu’il serait « une forme expression créatrice qui reflète les idées, les émotions et les perceptions d’une personne ou d’un groupe de personnes avec l’intention de stimuler les sens et l’imagination du spectateur ou de l’auditeur ». L’art comme reflet. Soit, mais superficiel. Plus intéressante la finalité de l’art proposée : stimuler les sens et l’imagination de ceux qui en sont destinataires. La communication entre l’artiste créateur et le public passe par la sensibilité. Par le corps et l’’imagination, un hybride de corps et d’esprit. On comprend mieux l’embarras de l’IA privée de sensibilité et d’imagination. L’algorithme avoue implicitement mais nécessairement son incapacité originelle à seulement même entreprendre l’élucidation du mystère de la création artistique.

 

Il est plus à l’aise dans la description des médias qu’emprunte l’expression créative. La troisième phrase n’appelle pas davantage de commentaires.

 

Dans la quatrième phrase, chatGPT ajoute – « De plus » - que « l’art peut être considéré » - l’IA, là encore, n’apparaît pas très sûre d’elle - « comme une forme d’expression culturelle » permettant la transmission entre individus et communautés, dans le temps et dans l’espace, « des idées, des histoires et des valeurs ». L’idée de fonction sociale est intéressante. L’artiste, le goût du public, l’esthétique pris dans une société, une culture, dans un temps et une civilisation. On peut regretter que cette approche ne soit pas développée. Surtout, l’art conçu comme un passeur.

 

On observe pour finir que la proposition de chatGPT ne fait aucune allusion à la beauté, qu’elle fait l’impasse sur l’esthétique.

 

Résumons-nous : l’art, pour une IA générative comme chatGPT, relève avant tout d’une définition personnelle par un sujet sensible (et vivant). L’IA « peut dire » subsidiairement que c’est une « forme d’expression créative » - dont ne percera pas le mystère – qui a à voir avec des idées (de quel genre ?), des émotions et des perceptions en vue (finalité) de stimuler les sens et l’imagination de ses destinataires et qui peut emprunter toutes sortes de médias. Enfin l’art a une fonction sociale de transmission culturelle dans le temps et dans l’espace.

 

Ce n’est pas rien mais nous laisse sur notre faim. Peut-on aller plus loin, plus profond ? On peut essayer.

 

Lazare Z (A suivre)

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  • Un blog qui aborde divers sujets – en vrac : sciences, philosophie, politique, art, société, histoire, etc. - pour s’orienter dans notre monde pressé et compliqué, avec l’intention de conduire la réflexion dans une pratique d’enquête au sens pragmatique, d’appréhender la philosophie comme une activité (d’où l’appellation « Philodynamie »), sans prétention ni esprit de système.
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