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Philodynamie
22 octobre 2021

LAZARE EN POLITIQUE (13) : Défendre la démocratie libérale?

 

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On l’a vu dans les messages précédents de cette série de Lazare en politique : la démocratie libérale est un régime politique imparfait – et donc critiquable à bien des égard - vulnérable et instable, dont nombre de nos concitoyens doutent de la supériorité sur un quelconque régime qui serait moins démocratique mais supposé procurer plus d’égalité et de justice sociale.

Surprenant ? Oui si l’on se souvient de la retentissante prophétie de Francis Fukuyama dans un livre fort remarqué en Occident, publié après la chute du mur de Berlin et l’implosion du régime soviétique, « La fin de l’histoire et le dernier homme ». La chute spectaculaire du système communiste annonçait, y lisait-on, l’universalisation de l’idéal de la démocratie libérale. Son triomphe ! Ce que le rapport sur l’état et l’évolution des régimes politiques dans le monde de l’Institut V-Dem réfute (voir les messages XI et XII de cette série).

Alors, qu’est-ce qui vaudrait que l’on s’attache à la démocratie libérale et que l’on veuille la défendre ? On laissera, à ce stade, le « on » à son indétermination. La question ne se place pas dans un registre théorique abstrait. L’esprit de système en politique est source de grandes erreurs et fut même, appliqué en action, de grandes tragédies. Ce qui importe, c’est d’identifier et d’apprécier les raisons de l’attachement que certains – sont-ils encore majoritaires ? - éprouvent pour ce régime politique. Et s’essayer à esquisser, plus tard, des lignes d’action pour en promouvoir une pratique adaptée son époque sans remettre l’essentiel en cause. Aussi grande que peut sembler cette ambition, n’est-elle pas, après tout, dans un régime démocratique, celle qu’est en droit de nourrir n’importe quel citoyen !

Qu’est-ce qui vaudrait que l’on veuille défendre la démocratie libérale ? La question revient à se demander quels sont les constituants de ce régime, ses principes actifs que l’on tient à sauvegarder. Poursuivant la réflexion plus avant, qu’est-ce qui, dans ce régime politique, devrait être développé, qu’est-ce qui devrait évoluer, qu’est-ce qui pourrait être amendé, abandonné ?  

Sans nier la complexité, qui fait la vertu de la démocratie et en même temps sa fragilité selon Edgar Morin dont « La Méthode » guide Lazare ici comme ailleurs, il est proposé d’articuler la réflexion selon trois dimensions : libérale, communautaire ou sociale, démocratique. En gardant toutefois à l’esprit que ces dimensions sont interdépendantes dans la démocratie libérale.

Il y a tout d’abord la dimension libérale. Le tout d’abord ne signifie pas qu’elle l’emporterait sur les deux autres mais la liberté, dans toutes ses déclinaisons, des libertés individuelles aux libertés publiques, est à la fois le ressort et un critère déterminant de la démocratie libérale. Sans un régime robuste de protection de la liberté – ou, en d’autres termes, sans Etat de droit - la démocratie n’est qu’un concept creux et trompeur.

Mais si fondamentale qu’elle soit, la liberté ne peut être ressentie, vécue et mise en pratique qu’au sein d’une communauté sociale. Dans le monde contemporain, au sein d’Etats, voire d’ensembles plus vastes comme l’Union Européenne, et donc de communautés nationales, plus hypothétiquement transnationales. La liberté, est nécessaire ; elle n’est pas tout. A cet égard, il conviendra de questionner l’idéologie libertarienne comme celles voisines de l’ultra ou du néo-libéralisme et du fanatisme du marché. La démocratie porte en elle une revendication égalitaire que reprend en France la devise républicaine. La simple observation des régimes politiques dans le monde contemporain comme dans l’histoire récente suffit à se convaincre que la démocratie libérale ne marche à peu près convenablement que dans des pays où cette aspiration égalitaire trouve une application raisonnable. En d’autres termes où les écarts de niveaux de vie n’apparaissent pas excessifs, où la classe moyenne est devenue majoritaire. De cela, de sa traduction dans l’idée et même l’éthique d’un bien commun, de la prise en compte du besoin de sécurité, de la revendication d’égalité des chances, mais aussi de la question pas si simple de la méritocratie, il faudra parler.

Enfin, la dimension démocratique. Qu’est-ce que signifie, au XXIème siècle, le principe de l’exercice du pouvoir par le peuple ? Et surtout comment devrait-il se traduire ? A cet égard, le système représentatif apparaît à la fois, en première approche, aussi bien indépassable qu’insuffisant. L’organisation d’élections libres, équitables et loyales dans un environnement de liberté d’expression est un impératif mais la croissance de l’abstention et la méfiance envers les élus, notamment, révèle pour le moins une attente déçue. Faut-il revoir la pratique du pouvoir en imaginant – ou en étendant - de nouvelles formes de participation des citoyens à l’exercice de la démocratie ? Comment le pouvoir devrait-il être distribué dans des Etats comptant plusieurs dizaines de millions d’habitants ? Que penser de la « verticalité » dans l’exercice du pouvoir ? Il faut une réflexion sur le pouvoir et sur son exercice dans un cadre institutionnel.

In fine, comment concevoir une forme d’homéostasie démocratique ?

 

(Lazare Z / A SUIVRE)

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